Centre d'Art - 2011 - Tadao Ando
Les voyageurs abordent le sol plat, leurs ombres fourbues s'accrochent à la paroi lisse et se déversent sur la chaussée détrempée. Le crépuscule inverse peu à peu les sensations. Ils sont arrivés.
Les voyageurs abordent le sol plat, leurs ombres fourbues s'accrochent à la paroi lisse et se déversent sur la chaussée détrempée. Le crépuscule inverse peu à peu les sensations. Ils sont arrivés.
Au petit matin, ils l'aperçoivent dans le flou du ciel. Elle rampe, tisse et instille peu à peu le réel sur la toile de leurs rêves éthérés.
Les rayons du soleil dardent sur les forêts lointaines, derniers vestiges d'un monde qu'ils ont quitté. Ici, les objets et les couleurs, massifs, ont pris possession des lieux.
Les dimensions basculent. Les formes trouvent cependant un équilibre, fragile et mécanique.
Une porte s'élève devant eux, captivante. Une fois franchie, les sens sont perturbés. Pendant quelques instants, ils croient devenir fous, aveugles, ils croient s'être perdus dans ces cauchemars où la perception effraie tant elle est inconnue, mystérieuse
L'heureuse lumière au zénith s'ouvre sur un sentier jusqu'ici inexploré, ils suivent quelques instants des créatures familières puis les laissent se figer dans les sous bois parfumés.
Quel est donc cet endroit où se déploient des murs qui n'en sont pas, des prisons ouvertes, des fenêtres hachurées qui scindent les idées et le réel ?
Serait-il possible qu'ils aient atteint le lieu où tout a commencé, le lieu où tout fini ? Ils se heurtent à la structure monolithique d'une arche abandonnée. La lame d'acier tranche la peur qui court le long de leurs échines. Elle réchauffe leurs coeurs
Au loin se dessine les contours d'une bâtisse entourée de pins. L'atmosphère est chaleureuse, elle invite à l'arrêt. Dans cet endroit repose un message brouillé, une question reste en suspens.
Si c'est ici que tout commence, alors cet endroit n'est que le reflet de ce que nous sommes, les arbres, la terre, la Nature toute entière qui se condense en une goutte imperceptible, mais bien tangible. Imposante, elle fixe sa profondeur dans nos rétines
C'est la Terre mère, nourricière, celle qui a vu s'élever le vivant.
C'est la Terre où le premier Homme a bâtit des espaces oubliés, qui transcendent les âges et les êtres.
C'est l'endroit où nous sommes rappelés à nous-même, êtres de chair, êtres d'esprit, qui voyageons le temps d'un instant sur un terrain accueillant. Ici la vie prend sens, en symbiose.